Alors que la Turquie continue d’envoyer des messages “contradictoires” sur la résolution du conflit libyen, une délégation américaine, dirigée par le chargé d’affaires de l’ambassade américaine en Libye, Joshua Harris, s’est rendue à Benghazi où il a rencontré des représentants de l’Armée nationale libyenne (ANL), dirigée par le général Khalifa Haftar.
Pour le rapporter, le journal Asharq al-Awsat, qui a souligné que, si d’un côté le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’est dit déterminé à mener jusqu’au bout sa campagne militaire en Libye aux côtés du gouvernement de Tripoli dirigé par le Premier ministre Fayez al-Sarraj, pour sauvegarder ses intérêts en Méditerranée orientale et en Égée, d’autre part, le ministre de la Défense Hulusi Akar a déclaré que la Turquie faisait tout son possible pour restaurer la paix et la stabilité en Libye.
Les déclarations d’Akar sont intervenues le 29 juillet, lors d’une cérémonie organisée à l’occasion de la fête musulmane de l’Aïd al-Adha, au cours de laquelle le ministre a annoncé qu’Ankara continuerait à soutenir le gouvernement de Tripoli, également connu sous le nom de Gouvernement d’accord national (GAN), et de soutenir une résolution politique du conflit, dans le but ultime de promouvoir un cessez-le-feu et de garantir l’intégrité territoriale et la stabilité politique du pays. Selon Akar, la Libye et la Turquie sont unies par des liens historiques, fruit d’une coopération qui dure depuis environ 500 ans, en plus d’être “voisines de la mer” et, pour cette raison, Ankara souhaite préserver la trêve. De plus, il a été précisé, les forces turques sont toujours engagées dans la fourniture de conseils et d’assistance à l’armée de Tripoli et c’est ce soutien qui a renversé le jeu de pouvoir contre Haftar.
De son côté, Erdogan, dans un discours prononcé à l’occasion de l’Aïd al-Adha, avait précédemment rapporté que la Turquie souhaite «couronner sa lutte» par une victoire, en Libye comme en Syrie et en Irak. Cependant, a précisé le président, ce serait une victoire non seulement turque mais de tous les pays alliés de la région.
Pendant ce temps, le 29 juillet, une délégation américaine, conduite par Joshua Harris, s’est rendue à Benghazi, dans l’est de la Libye, où il a rencontré des officiers et des responsables de l’armée nationale libyenne et de la Chambre des représentants de Tobrouk, dans le but ultime de promouvoir une solution «démilitarisée» à Syrte et al-Jufra, les objectifs que l’ANL et le GAN semblent déterminés à atteindre, avec leurs alliés respectifs. Un autre point au centre des discussions a été le blocage des activités d’exportation et de production dans les champs libyens.
À cet égard, Harris a déclaré que si les parties libyennes, affiliées à Haftar, s’engagent à débloquer les activités, les États-Unis sont prêts à garantir une répartition équitable des revenus du gaz et du pétrole, afin de permettre à l’ensemble de la population libyenne d’en bénéficier. En outre, la délégation américaine a exprimé son soutien au dialogue promu par les Nations Unies, visant à parvenir à un cessez-le-feu permanent et à retirer les mercenaires et les forces étrangères du pays d’Afrique du Nord.
Selon Asharq al-Awsat, la visite du 29 juillet montre que les États-Unis ont de nouveau mis en garde l’armée de Haftar. En même temps, selon certains analystes, Washington, parlant d’une solution «démilitarisée», n’a pas non plus donné le feu vert à l’armée de Tripoli, et encore moins à son allié turc d’attaquer l’ANL et ses partisans contre ce que l’on considère comme des «lignes rouges». Cependant, ce sont les mêmes analystes qui soulignent comment Ankara, en réalité, n’aurait pas agi en Libye comme elle l’a fait sans l’approbation de Washington, ce qui serait nécessaire pour la phase suivante.
Le 27 juillet, Harris s’est également rendu à Misrata, où il a rencontré des représentants du GAN, dont le vice-Premier ministre Ahmed Maiteeg et le ministre de l’Intérieur Fathi Bashagha, leur demandant d’intensifier leurs efforts de démobilisation, désarmer et réintégrer les milices à l’appui du gouvernement d’accord national dans un corps officiel. À cette occasion également, Harris a réitéré le soutien américain à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Libye et a souligné que les forces armées étrangères et les mercenaires devraient quitter le pays.
La Libye est dans une situation de grave instabilité depuis le 15 février 2011, date du début de la révolution et de la guerre civile. En octobre de la même année, le pays d’Afrique du Nord a alors assisté à la chute du régime du dictateur Mouammar Kadhafi, mais depuis, il n’a jamais réussi à faire une transition démocratique et voit toujours la présence de deux côtés. D’une part, il y a le gouvernement de Tripoli, né avec les accords de Skhirat du 17 décembre 2015, et dirigé par le Premier ministre Fayez al-Sarraj, qui représente le seul exécutif reconnu par l’ONU. Ses principaux soutiens sont la Turquie, l’Italie et le Qatar. De l’autre côté, il y a le gouvernement Tobrouk du général Khalifa Haftar, soutenu par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte, la Russie et la France. La Jordanie est également considérée comme l’un des principaux exportateurs d’armes de la LNA.