
Des soldats mutins ont arrêté le président et le Premier ministre du Mali après avoir encerclé une résidence et tiré en l’air dans une apparente tentative de coup d’État après plusieurs mois de manifestations appelant à l’éviction du président Ibrahim Boubacar Keita.
Il n’y a eu aucun commentaire immédiat de la part des soldats, originaires de la même caserne militaire de Kati, où un coup d’État antérieur a eu lieu il y a plus de huit ans.
Un responsable régional a confirmé que le président et le Premier ministre avaient été arrêtés mardi soir.
L’escalade dramatique a couronné une journée de chaos politique au Mali, où l’ONU et l’ancien colonisateur français ont passé plus de sept ans à essayer de stabiliser le pays depuis que le coup d’État de 2012 a permis à une insurrection islamique de s’installer dans la nation ouest-africaine.
Les troubles avaient débuté dans la ville de garnison de Kati, où des soldats mutins ont pris des armes dans l’arsenal de la caserne, puis ont détenu des officiers supérieurs.
Les manifestants antigouvernementaux ont applaudi les actions des soldats, certains incendiant même un bâtiment appartenant au ministre de la Justice du Mali dans la capitale.
Le Premier ministre Boubou Cissé avait exhorté les militaires à déposer les armes.
«Il n’y a pas de problème dont la solution ne peut être trouvée par le dialogue», a-t-il déclaré dans un communiqué.
Plus tôt dans la journée, des fonctionnaires ont fui leurs bureaux alors que des hommes armés ont commencé à détenir des fonctionnaires, dont le ministre des Finances du pays, Abdoulaye Daffe.
Ce fut un changement dramatique de destin pour M. Keita, qui a tenté de répondre aux demandes des manifestants par une série de concessions depuis le début des manifestations en juin.
M. Keita, qui bénéficie d’un large soutien de l’ancien colonisateur français et d’autres alliés occidentaux, est arrivé au pouvoir en 2013 lorsqu’il a remporté plus de 77% des voix lors d’une élection démocratique.
Les développements de mardi ont été immédiatement condamnés par le bloc régional connu sous le nom de CEDEAO qui avait été le médiateur de la crise politique au Mali.
La France et les États-Unis ont également vivement critiqué ces mesures.
«Les États-Unis s’opposent à tout changement extra-constitutionnel de gouvernement, que ce soit par ceux qui sont dans la rue ou par les forces de défense et de sécurité.», a tweeté J Peter Pham, envoyé spécial du département d’État des États-Unis pour la région du Sahel.
C’était une répétition troublante des événements qui ont conduit au coup d’État de 2012, qui a finalement déclenché des années de chaos au Mali lorsque le vide de pouvoir qui a suivi a permis aux extrémistes islamiques de prendre le contrôle des villes du nord.
En fin de compte, une opération militaire dirigée par la France a évincé les djihadistes, mais ils se sont simplement regroupés et ont ensuite étendu leur portée pendant la présidence de M. Keita au centre du Mali.
Le 21 mars 2012, une mutinerie similaire a éclaté dans le camp militaire de Kati alors que les soldats de la base ont commencé à émeuter puis ont fait irruption dans l’arsenal du camp.
Après avoir saisi des armes, ils se sont ensuite dirigés vers le siège du gouvernement, dirigé par le capitaine Amadou Haya Sanogo.
Le capitaine Sanogo a ensuite été contraint de céder le pouvoir à un gouvernement civil de transition qui a ensuite organisé les élections remportées par M. Keita.
L’actuel président a été de plus en plus critiqué sur la manière dont son gouvernement a géré l’insurrection islamique implacable qui ravage le pays autrefois salué comme un modèle de démocratie dans la région.
L’année dernière, l’armée a fait face à une vague d’attaques particulièrement meurtrières dans le nord, incitant le gouvernement à fermer ses avant-postes les plus vulnérables dans le cadre d’une réorganisation visant à endiguer les pertes.
Les médiateurs régionaux ont exhorté M. Keita à partager le pouvoir dans un gouvernement d’unité, mais ces ouvertures ont été rapidement rejetées par les dirigeants de l’opposition qui ont déclaré qu’ils ne s’arrêteraient pas avant l’éviction de M. Keita.