Ibrahim Boubacar Keïta

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé sa démission mardi, quelques heures après que les soldats l’ont arrêté, ainsi que le Premier ministre et d’autres hauts responsables, selon la télévision publique.

Pourquoi c’est important: Le soulèvement de l’intérieur de l’armée fait suite à des mois de manifestations dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. On ne sait pas qui prendra les commandes si Keïta est retiré du pouvoir, ajoutant une profonde incertitude aux crises politiques et sécuritaires entrelacées du Mali.

Vue d’ensemble: des protestations ont éclaté depuis juin dans la capitale, Bamako, à propos de la corruption et de la détérioration de la situation sécuritaire.

  • Judd Devermont, directeur du programme Afrique au Centre d’études stratégiques et internationales, déclare: «L’insécurité en est la toile de fond, mais il s’agit en réalité de désillusion politique et du sentiment qu’il s’agit d’un gouvernement axé sur l’enrichissement et l’intérêt personnel et non sur la démocratie – ne répondant pas aux besoins du public pendant une pandémie et une récession économique. “
  • Keïta, deux ans après le début de son deuxième mandat présidentiel de cinq ans, avait résisté aux appels à la démission mais n’a pas réussi à apaiser les manifestants.

Au cœur de l’actualité: le Premier ministre Boubou Cissé a appelé au dialogue après le début de la mutinerie, avant d’être apparemment arrêté. La télévision d’État a temporairement cessé d’émettre et les ambassades européennes ont déclaré avoir été prévenues que des soldats se dirigeaient vers Bamako.

  • Les manifestants se sont réunis pour célébrer la nouvelle, en particulier après que des rumeurs sur l’arrestation de Keïta ont commencé à circuler, rapporte Reuters. Les soldats ont été accueillis par des acclamations alors qu’ils traversaient la capitale.
  • «On ne savait pas immédiatement qui dirigeait les mutins, qui gouvernerait en l’absence de Keita ou quelles étaient les motivations des mutins. Un porte-parole militaire a déclaré qu’il n’avait aucune information», note Reuters.

Ce qu’ils disent: la CEDEAO, un bloc de pays de la région, a exhorté les mutins à “revenir à leurs positions sans délai”, tandis que l’Union africaine a déclaré qu’elle “rejette fermement toute tentative de changement anticonstitutionnel de gouvernement au Mali”.

  • La France, qui mène des opérations de contre-insurrection au Mali, a également condamné le soulèvement. Le président Emmanuel Macron en a discuté avec les dirigeants régionaux, selon l’AFP.
  • Les États-Unis ont également déclaré qu’ils s’opposaient à “tout changement extra-constitutionnel” au Mali.

À surveiller: “Il incombe à la région et à ses partenaires de stabiliser la situation politique le plus rapidement possible car si cela continue à se détériorer, cela créera plus d’opportunités de détérioration dans le reste du pays”, déclare Devermont.

  • L’armée a remis le pouvoir aux dirigeants civils après le coup d’État de 2012, mais l’instabilité a également permis aux groupes extrémistes du nord et du centre du Mali de renforcer leurs positions.