Au cours des derniers mois, les Émirats arabes unis (EAU) ont souvent été inclus parmi les principaux exportateurs d’armes et de mercenaires de l’Armée nationale libyenne (ANL), dirigée par le général Khalifa Haftar. En fait, Abou Dhabi semble également s’intéresser aux mines d’or du sud de la Libye.
Selon le journal al-Araby al-Jadeed, sur la base de sources privées définies comme “informées”, qui a révélé une réunion la semaine dernière tenue dans la ville de Cufra, dans le sud de la Libye
et qui impliquait de hauts responsables émiratis avec le fils du général Haftar, Saddam, également chef des milices “Tariq bin Zayed”, et Abdel-Rahman al-Kilani, commandant de la Brigade de la paix, un groupe particulièrement actif et influent dans toute la région sud de Cufra.
Selon des sources d’al-Araby al-Jadeed, au cours de la réunion, les participants ont discuté d’un accord visant à transporter,
vers les Emirats, de grandes quantités d’or extraites du Jebel Uweinat, une montagne située dans la partie sud du plateau de Gilf Kebir, dans le sud du désert libyen à la frontière entre la Libye, l’Egypte et le Soudan.
Ces opérations devraient être menées avec l’autorisation et la protection des milices dirigées par al-Kilani, qui seront également chargées de protéger tous les travailleurs employés dans la mission, y compris ceux d’Abou Dhabi qui superviseront le travail des sociétés chargées d’extraire les quantités d’or convenues. En échange, selon des sources, les EAU se sont engagés à fournir aux milices locales des véhicules, notamment des véhicules tout-terrain, et des armements.
La chaîne de montagnes Auenat, riche en or, est située à l’extrême sud-est de la Libye et s’étend sur les territoires libyens, égyptiens et soudanais sur une superficie d’environ 1.500 km². Plus de 60% se trouvent à l’intérieur des frontières libyennes, tandis que les 40% restants sont situés à l’intérieur des frontières de l’Égypte et du Soudan. Comme le précise al-Araby al-Jadeed, la situation instable de ces dernières années a conduit à une augmentation des activités d’exploration, principalement menées par des groupes armés libyens ou par des «gangs» d’origine soudanaise ou tchadienne.
Abu Dhabi a commencé à se tourner vers la précieuse chaîne de montagnes après qu’un rapport du World Gold Council a révélé que sous les montagnes Uweinat et ses roches “noires de feu” se trouve la deuxième plus grande réserve d’or du continent africain et que le métal pouvait être extrait facilement, sans fouilles profondes et surtout dans un contexte d ‘«absence totale» de l’Etat dans cette région. En général, ce sont des zones frontalières inhabitées, mais riches en mines.
Les Emirats, explique al-Araby al-Jadeed, ont en fait déjà le contrôle de certains champs situés au Soudan, grâce à la collaboration établie avec Mohamed Hamdan Dagalo, chef des Forces de soutien rapide, qui contrôlent à leur tour plusieurs mines au Darfour et dans le reste des territoires soudanais.
Cela a permis à Hamdan de devenir l’un des hommes les plus riches du pays, ainsi que l’un des principaux acteurs de l’industrie la plus rentable du pays, en particulier après que ses propres milices ont conquis la mine de Jabal ‘Amer en 2017, auquel trois autres ont été ajoutés dans le sud du Kordofan. À cet égard, les forces de Hamdan et Abd al-Rahman al-Bakri, l’adjoint de Hamdan, directeur général de la plus grande société minière du pays, ont ouvert des comptes bancaires auprès de la Banque nationale d’Abou Dhabi.
Selon les chiffres fournis par les rapports internationaux, les EAU représentent le plus grand importateur d’or soudanais dans le monde, avec 99,2% des exportations du pays, selon les données du commerce mondial pour l’année 2018. Selon plusieurs rapports, les EAU ont également signé un accord avec Hamdan visant à fournir des combattants soudanais aux milices de Haftar en échange d’argent et d’armes.
Le 9 décembre 2019, les Émirats arabes unis, aux côtés de la Jordanie et de la Turquie, figuraient parmi les principaux pays exportateurs d’armes vers la Libye, sur la base d’un rapport de l’ONU publié le même jour par un groupe d’experts. Enfin, Bloomberg, sur la base d’un rapport de l’ONU, a révélé le 15 mai que deux entreprises basées à Dubaï avaient envoyé une vingtaine de mercenaires “occidentaux” à Benghazi, en Libye, pour soutenir l’ANL. Les mercenaires occidentaux, munis de passeports britanniques, américains, français, australiens et sud-africains, auraient également pour tâche d’empêcher les envois d’armes de la Turquie au gouvernement de Tripoli.
La Commission de l’ONU a ensuite révélé que les Émirats arabes unis sont également responsables de la gestion d’un «pont aérien caché» visant à fournir des armes au général libyen Haftar. Plus précisément, 37 vols sont au centre d’enquêtes d’experts de l’ONU, menées depuis début janvier 2020. Selon ce qui a été révélé par certains diplomates familiers avec le rapport, les vols en question étaient assurés par un réseau de compagnies aériennes immatriculées aux Émirats arabes unis, au Kazakhstan et aux îles Vierges britanniques.