Le président Donald Trump participe à une cérémonie de signature avec le président serbe Aleksandar Vucic, assis à gauche, et le Premier ministre kosovar Avdullah Hoti, assis à droite, dans le bureau ovale de la Maison Blanche, vendredi 4 septembre 2020, à Washington.

Un sommet à la Maison Blanche entre les dirigeants de la Serbie et du Kosovo s’est terminé vendredi par un rebondissement: les deux pays ont annoncé des percées diplomatiques non pas entre eux, mais avec Israël.

Au cœur de l’actualité: la Serbie a accepté de déplacer son ambassade à Jérusalem «d’ici juillet», a annoncé le président Trump, tandis que le Kosovo et Israël s’accorderont mutuellement une reconnaissance diplomatique.

Dans les coulisses: pour finaliser cet accord, Trump a appelé le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou lors de sa rencontre vendredi avec le Premier ministre du Kosovo Avdullah Hoti, a déclaré le bureau de Netanyahou dans un communiqué.

  • La déclaration israélienne a déclaré que le Kosovo établirait une ambassade à Jérusalem, ce qui en ferait le premier pays à majorité musulmane à le faire.
  • Israël n’a jamais reconnu le Kosovo – qui a déclaré son indépendance de la Serbie en 2008 – en partie parce qu’il ne voulait pas légitimer la reconnaissance de la Palestine. On ne sait pas pourquoi la position de Netanyahou a changé.
  • La Serbie – qui a mené une campagne pour faire pression sur les pays pour qu’ils ne reconnaissent pas le Kosovo – a précisé qu’elle n’approuvait pas la reconnaissance israélienne du Kosovo, l’une des nombreuses indications selon lesquelles beaucoup de choses restaient en suspens après le sommet.

Entre les lignes: ce résultat peu orthodoxe d’un sommet entre les pays des Balkans souligne la volonté de l’administration d’aider Israël à renforcer ses liens diplomatiques à travers le monde et son désir de remporter des victoires là où il le peut avant les élections de novembre.

De l’autre côté: la Serbie a exclu ce qui aurait été une réalisation historique – la reconnaissance mutuelle avec le Kosovo – avant le sommet, et a réitéré vendredi qu’un tel accord était hors de question.

  • Les pays ont signé ce que Trump a appelé un accord de «normalisation économique» dans le bureau ovale.
  • Mais le président serbe Aleksandar Vucic a déclaré aux médias serbes qu’il avait signé un accord bilatéral avec les États-Unis et non avec le Kosovo.
  • Richard Grenell, l’envoyé de Trump pour la Serbie et le Kosovo, a par la suite précisé que la Serbie et le Kosovo avaient signé des documents séparés presque identiques, tandis que Trump avait signé un troisième document signalant son approbation de l’initiative.
  • Grenell a échangé des barbes avec des journalistes, qu’il a accusés de ne pas avoir reconnu l’importance des accords économiques.
  • Le conseiller à la sécurité nationale, Robert O’Brien, a ajouté que la Serbie et le Kosovo gèleraient leurs campagnes de dé-reconnaissance pendant un an, afin de donner une «marge de manœuvre» aux négociations sur cette question.

Contexte: avec Grenell, O’Brien et le conseiller principal de la Maison Blanche Jared Kushner ont été impliqués dans le processus Serbie-Kosovo, ont déclaré des responsables américains.

  • Les trois ont rencontré Vucic à Washington en mars en marge de la conférence de l’AIPAC et ont soulevé à l’époque la question du déplacement de l’ambassade de Serbie à Jérusalem.
  • Dans son discours à l’AIPAC, Vucic s’est arrêté avant d’annoncer cette étape, mais a déclaré que la Serbie ouvrirait un bureau commercial dans la ville.

À surveiller: l’UE supervise depuis longtemps les négociations entre la Serbie et le Kosovo, et l’initiative de la Maison Blanche a évolué en parallèle avec ce processus.

À noter: ce sommet de la Maison Blanche était auparavant prévu pour juin, mais a été retardé après que le président du Kosovo, Hashim Thaci, a été accusé de crimes de guerre.